Dès 1876, pour répondre aux demandes d’approvisionnement des colons commençant à s’établir, Joseph Sarrazin bâtit, près du ruisseau Clair, un pouvoir d’eau et un moulin à scie « de long » (scie verticale et en longueur).
Les premiers moulins utilisent le pouvoir d’eau généré par les ruisseaux Clair ou Noir et des chutes qui les parsèment. Du haut de ces chutes, l’eau déviée par le canal d’amené actionne la roue à aubes permettant d’enclencher le fonctionnement « mécanisé » des scies.
Si les débuts sont modestes, ne fournissant que quelques planches par jour, l’apparition de la scie ronde en améliore grandement la rapidité et le rendement. L’installation peut alors être qualifiée de scierie. C’est ce qu’en fait François Léonard, acheteur des installations de Joseph Sarrazin en 1877 en les exploitant jusqu’en 1890, année où Magloire Gosselin en prend possession.
Ces moulins à scie mieux équipés peuvent fournir des lattes et des planches pour fabriquer des objets courants comme la baratte à beurre, la huche à pain, les barils de différents formats, la cuve à laver ainsi que les charrettes et les traîneaux. Et ces besoins se multiplient à mesure que la population augmente. Les propriétaires de moulin sont donc à la recherche d’encore plus d’efficacité.
Magloire Gosselin s’associe avec son beau-frère Magloire Lagacé et ils décident de créer une réserve d’eau plus puissante en bâtissant un barrage au haut des chutes et en augmentant le nombre et la grandeur des scies employées.
Vers 1905, ils innovent et convertissent une partie de leur scierie en génératrice. Ils deviennent ainsi les premiers à fabriquer et à utiliser de l’électricité au village. Mais ces deux fonctions combinées menacent la régulation de la réserve d’eau et, après plusieurs années d’efforts infructueux pour régler le problème, ils doivent abandonner cette pratique.
En 1919, le moulin à scie passe aux mains d’Antonio Forget. La scierie a dorénavant une vocation de petite industrie. Celui-ci délaisse la fabrication d’électricité et ajoute une scie ronde plus grande, permettant un sciage encore plus efficace. Les compagnies forestières ainsi que les cultivateurs qui apportent leur bois à scier, alimentent le moulin. Le maître-scieur, Antonio Légaré, réceptionne le bois et le dirige vers les bonnes scies ou le planeur selon le travail demandé. Sauf un court temps d’arrêt en 1920 à cause d’un incendie, ce moulin poursuit ses activités jusqu’au début des années 1970 où le propriétaire d’alors Berchmans Forget fait démolir tous les bâtiments.
Texte rédigé par Colette Légaré et Jocelyne Patry