Les jouets, les jeux et les sports
Les enfants de cette époque n’ont pratiquement pas de jouets… encore moins de jouets « achetés » et surtout pas de jeux électroniques! Mais ils font preuve d’ingéniosité et mettent à profit leur créativité. Ils utilisent différents matériaux qui « traînent » à la maison et dans ses environs pour s’inventer des univers. Les plus chanceux profitent des mains habiles de leur père et de leur mère pour compléter leurs petits trésors.
Pour « s’occuper », les plus jeunes comptent sur l’animation ou l’organisation des plus vieux… bâtons, cailloux, foin, plusieurs de ces éléments deviennent parties prenantes d’un jeu, d’un sport ou d’une bonne rigolade! Attention! Les joueurs de tours sont intemporels et s’amusent déjà à vos dépens même en ce temps-là!
À Saint-Jovite, de 1850 à 1910 rares sont les jouets sortant des usines. Leur réalisation relève de l’habileté du père à travailler le bois et de la mère à coudre.
De menus jouets sont fabriqués comme des blocs, des carrioles et chevaux miniatures, des toupies, des traîneaux… puis, plus tard, des camions et des autos. Une tête de cheval découpée dans une pièce de bois, fixée à un bâton et voilà l’enfant enfourchant sa monture et parcourant les prés avoisinants en hennissant. Avec leur esprit inventif, les enfants changent la vocation d’objets courants, la caisse de bois est soudainement un traîneau ou une brouette, les vieux plats de fer blanc deviennent des armes redoutables, des boucliers ou des chapeaux de toutes sortes et les petits os permettent de jouer aux « osselets ». Pour les petites filles, le bois se transforme en lit, en chaise, en meuble pour la poupée de chiffon confectionnée, brodée et habillée par la mère ou la grande sœur. Celles-ci cousent aussi de mignons animaux que les plus jeunes adoptent comme toutou à câliner ou compagnon de leurs histoires fantastiques.
La corde à danser, souvent seconde vie d’une corde à linge trop abîmée, est fréquemment utilisée dans la cour d’école. Comme aujourd’hui, les jeunes rivalisent en comptant les sauts « sans manquer », inventent des chorégraphies ou comptines qui rythment la danse.
Des jeux de société existent déjà. Très jeune, l’enfant apprend à jouer aux dames ou à l’échelle du paradis sur le damier fabriqué par le père et décoré par la mère. Les grands parents adorent y jouer avec leurs petits-enfants. Les jeux de cartes complètent bientôt cet éventail.
Dehors, l’horizon est presque sans limite… La cachette occupe bien des journées, bâtiments, bosquets ou accidents de terrain, autant de lieux où se camoufler sans se faire prendre! Des heures de plaisir au rendez-vous! Même chose pour la tag, les sauts dans le foin, la pêche. La fameuse balançoire suspendue à un arbre et la marelle, ne demandant aucun équipement particulier, sont aussi très populaires. Les deux justifient de se rendre jusqu’au « C I E L », soit pour éprouver des sensations fortes, soit pour gagner la partie!
Avec une balle en caoutchouc, beaucoup de filles s’adonnent à la balle au mur. Elles exécutent des mouvements précis avec les bras entre le lancer et l’attraper de la balle, ajoutant un exercice supplémentaire après chaque réussite. La coordination et la vitesse des gestes en sont les enjeux.
Les sports d’antan pratiqués par les enfants sont plus apparentés à des jeux avec quelques règles de base et un équipement rudimentaire.
Par exemple, le baseball a des adeptes quand ceux-ci arrivent à trouver une balle, souvent fabriquée avec des boules de coton pressé et une enveloppe de cuir de veau cousu, et quelque chose qui ressemble à une batte… Un bâton ou une planche amincie et rabotée à un bout peut en faire office. Quant aux vélos, ils séduisent garçons et filles dès leur apparition. Commissions ou simple balade… tout est bon pour enfourcher la bicyclette et conquérir de nouveaux espaces.
L’hiver, les sports de glisse sont très à la mode. Le traîneau ou un vieux morceau de prélart permettent des glissades époustouflantes, des rires assurés et quelques embardés sans conséquences. Quand les enfants rentrent, les joues rougies par le froid, tous ont l’air ravi. Les plus âgés tentent aussi leur chance avec des skis… standards ou tirés des planches de vieux barils de bois défaits et attachés avec des sangles de cuir. Ça c’est une aventure à leur hauteur et un défi permanent! Adresse, équilibre et un peu de fanfaronnade, des ingrédients parfaits pour les ados en mal de faire leurs preuves.
Une section de cour, de chemin ou de rue, quelques équipiers, des hockeys maison, un caillou, une balle ou une « pomme de route » bien gelée et la partie commence… Voilà des enfants heureux de pouvoir compter des buts sans même savoir patiner! Car les patins sont rares et la glace entretenue aussi! Quand il commence, le patinage se pratique sur quatre lames! En effet, les premiers patins sont d’abord à deux lames et se fixent aux bottes par des lanières de cuir. Le hockey et le patinage prendront leur essor quand les patins à une lame intégrée à la chaussure arriveront sur le marché et que le village installera des patinoires extérieures. Ces innovations feront le bonheur des petits et des grands.