Le R-100
Le R-100
Le R-100 est un dirigeable construit à la fin des années 1920 par le gouvernement anglais. Il doit assurer des liaisons entre Londres et l’Empire britannique. Dans la nuit du 28 au 29 juillet 1930, il quitte Londres pour Montréal. 78 heures et 48 minutes plus tard, le 1er août à 5 h 30 du matin, il arrive à l’aéroport de Saint-Hubert, en banlieue de Montréal, au terme d’un voyage d’environ 6 000 km.
Cet exploit fabuleux mobilise tous les journaux et fascine la population. Le dirigeable et son équipage reçoivent un accueil hors du commun qui ne peut être comparé qu’à celui, beaucoup plus tard, des premiers vols spatiaux habités. Cet engouement se traduit même par la composition d’une chanson de Madame Bolduc.
La popularité du R-100 atteint aussi les villages éloignés de Montréal. Dans l’hiver qui suit cette traversée, pour ne pas être en reste, ou peut-être pour mousser leur cote, les frères Paul et Roland Burelle fabriquent un R-100 miniature pour le plus grand plaisir des amateurs! Ont-ils réussi à le faire voler? L’histoire ne le confirme pas mais, tout le monde s’amuse bien et ce précieux moment est immortalisé.
Toujours «R-100»
«Viens-tu avec moi son père, on va aller à Saint-Hubert
Va donc att’ler ta jument pis on va aller voir l’R-100
Mais regard-moi donc ti-Noir t’as mis ta ch’mise à l’envers
Il y a un trou dedans qu’est aussi grand que l’R-100.»
M’as t’changer d’nom mon Jean
Pis m’as t’app’ler l’R-100
Ti-Rouge l’R-100, Ti-Gus l’R-100, Ti-Pit l’R-100
Moi j’trouve ça du bon sens
C’est les culottes l’R-100, les pyjamas l’R-100
Brassières l’R-100, jarr’tières l’R-100
Tout le monde parle de l’R-100.
* Source : « Paroles et musiques, Madame Bolduc » de Lina Remon, page 86 Chanson d’actualité avec musique à bouche.
Les événements annuels
Les événements annuels
Incendie de l’hôtel de ville et du collège
Incendie de l’hôtel de ville et du collège
Depuis le retour des Frères du Sacré-Cœur en 1931, les garçons font leur scolarité au rez-de-chaussée de l’hôtel de ville mais en général, les gens appellent l’édifice le collège. La vie scolaire s’y écoule paisiblement ponctuée par des activités comme les retraites en début d’année, la pratique du hockey sur la patinoire construite par les Chevaliers de Colomb ou les parties de sucre printanières.
Mais un après-midi du printemps 1941, pendant une séance du conseil municipal, quelqu’un remarque que de la fumée s’échappe… de leur bâtiment! Au plus vite, tout le monde se précipite dehors et monseigneur Mercure aussi sur les lieux demande qu’on aille sonner le tocsin. Pendant ce temps, les Frères qui logent dans le collège sont eux aussi sortis de l’immeuble. La fumée s’intensifie et le crépitement du feu pas encore visible se fait cependant entendre. Rien de rassurant pour la suite des choses… Les pompiers sont maintenant sur place, les boyaux d’incendie déployés et l’arrosage commencé.
Le vieil édifice de bois ne résiste pas malgré l’acharnement des pompiers, les prières des religieux et la consternation des citoyens accourus sur les lieux. En fin de journée, le bâtiment effondré finit de se consumer… Les Frères y perdent tous leurs biens et les écoliers sont désormais sans école. Toute la communauté déplore cette perte tout en se félicitant qu’il n’y ait pas eu de victimes!
Les élèves terminent leur année scolaire de misérable façon dans des hangars prêtés par les commerçants, dans celui de la forge, du magasin général et même du salon funéraire. Les conditions y sont pénibles surtout en raison du froid; les élèves y gèlent, malgré les poêles alimentés rondement.
Heureusement, dès l’année suivante, une nouvelle école en brique, plus moderne, est érigée sur le même emplacement.
La vie scolaire
La vie scolaire
La vie scolaire rythme les jours des jeunes de 6 ans à 14 ans… officiellement. Si le début du parcours est incontournable, la fin varie sensiblement selon le sexe des enfants et les besoins de la famille et personne ne trouve à redire.
Tous ces enfants font leurs classes dans des écoles de rang dans les débuts de la paroisse puis ceux du village bénéficient d’un couvent. Une dizaine d’années plus tard, un collège s’ajoute pour mieux desservir une population grandissante.
Pas question que nos petits paroissiens fréquentent l’école anglaise et protestante!
Une seule école existe depuis 1875 et c’est à la ferme des Hamilton. Elle reçoit les enfants des colons écossais et anglais. Mais pour le curé Samuel Ouimet, il est impensable d’y intégrer des enfants français et catholiques.
Lors d’une assemblée spéciale tenue en 1880, la proposition de se séparer de la commission scolaire d’Arundel et de bâtir une école près du presbytère-chapelle est acceptée. Sur une période de dix ans, des écoles de rang sont également construites. Elles assurent l’enseignement primaire aux enfants éloignés du village tout en limitant leur distance de marche à deux milles. Ce sont des écoles à classe unique où la maîtresse enseigne à quinze ou vingt élèves de la première à la septième année.
En 1890, les Filles de la Sagesse, des religieuses dévouées à l’enseignement, sont requises pour instruire les enfants plus nombreux du village. Le curé leur offre cinq arpents des terrains appartenant à la Fabrique, 300 $ et le chauffage pendant dix ans. Mais elles doivent construire le bâtiment à leurs frais. Il leur en coûtera 1 800 $! Une fortune à l’époque. Venues tout droit de France, quatre sœurs emménagent dans le nouveau couvent en bois érigé par leur communauté. Garçons et filles profitent de cette nouvelle institution.
En 1902, trois religieux des Frères du Sacré-Cœur s’installent au rez-de-chaussée de l’hôtel de ville. Ils y accueillent les garçons de la troisième à la septième année auparavant admis au couvent. En 1942, l’école, aujourd’hui appelée « L’Odyssée » est construite pour remplacer le collège détruit par un incendie l’année précédente. Le savoir y est encore dispensé fièrement de nos jours.
À l’école de rang, tout se passe dans le même bâtiment, au rez-de-chaussée, des crochets pour le vestiaire, des pupitres à deux places, le bureau de la maîtresse et le tableau noir pour la classe, un poêle pour le chauffage et un escalier pour accéder au logement de l’enseignante. Au couvent ou au collège, on retrouve plus de classes et moins de niveaux dans chacune. Les horaires et les matières sont sensiblement les mêmes et les religieuses et religieux habitent aussi sur place!
Au matin, le piaillement des écoliers envahit peu à peu la cour d’école avant que la cloche agitée par la maîtresse sonne la rentrée et que le silence se fasse, il est environ 8 heures trente. Après la prière initiale, la journée commence toujours par la leçon de catéchisme et se poursuit avec diverses autres matières. La matinée est coupée d’une brève récréation, de même que l’après-midi. Vers midi, ardoises et craies ou cahiers et crayons se ramassent pour faire place aux provisions apportées pour le dîner. La dernière bouchée avalée, chacun se précipite dehors pour jouer avant de reprendre les cours.
Le programme priorise le catéchisme, le français et l’arithmétique. Quand l’enfant quitte l’école, il doit connaître quelques préceptes religieux et ses prières en plus d’être capable de lire, d’écrire et de compter. Les fameuses dictées et la mémorisation des « tables » de mathématiques servent à réaliser cet objectif. Pour tout ce qui s’écrit autant en français qu’en calcul, l’écolier utilise l’ardoise et la craie. Vers 1912, elles sont remplacées graduellement par les cahiers et crayons. Le tableau noir, lui, reste essentiel, beaucoup d’exercices, de textes et « d’opérations » s’y retrouvent surtout que le nombre de manuels est limité. Pour changer un peu la routine, la classe s’agrémente d’autres « petites matières » comme les connaissances usuelles, l’histoire, la géographie, l’hygiène et bienséance et le dessin.
Cependant, rares sont les élèves qui poursuivent leurs études au-delà de la 5e année, car les parents les réclament à la ferme pour accomplir des travaux agricoles et domestiques. La fréquentation scolaire est aussi influencée par les intempéries et les grandes distances à parcourir à pied.
La maîtresse d’école est débrouillarde et bien organisée car elle enseigne à plusieurs niveaux tous dans la même classe et doit aussi gérer l’organisation matérielle du chauffage et de son propre logement. Elle prépare sa classe soigneusement : les exercices à faire et à écrire au tableau, les étapes de la vie de Jésus ou les événements de l’histoire du Canada à raconter, les problèmes de mathématique à résoudre, quelques chansons ou récitations pour s’amuser tout en faisant travailler sa mémoire. Cette préparation est consignée en détail dans un cahier car l’inspecteur, lors de sa visite annuelle, le vérifie et le signe.
Mais comment motive-t-elle les écoliers? Avec des petits riens car l’enfant de l’époque n’est pas habitué aux grandes récompenses, comme à la maison, l’ère est au travail. Comme stimulation individuelle, la petite image sainte reste LA récompense ultime. Elle est remise à l’élève talentueux, sage, appliqué, poli ou serviable mais elle est rare et de ce fait encore plus précieuse. Avec l’avènement du cahier apparaît les collants d’anges ou d’étoiles au grand ravissement des jeunes. Pour récompenser ou détendre le groupe, la classe de dessin du vendredi après-midi est un classique presque hebdomadaire mais les récréations prolongées, plus occasionnelles, rivalisent en intensité avec les congés de devoirs et leçons.
Les progrès de chacun sont suivis grâce au bulletin mensuel qui collige les résultats chiffrés pour les matières principales. Ceux qui se rendent à la fin du primaire et réussissent leur septième année reçoivent le « certificat d’études primaires élémentaires » qui marque la fin des études pour une grande majorité de la population.