La chasse et la pêche
Aujourd’hui, la chasse et la pêche sont des sports pratiqués dans des zones et des temps délimités selon le gibier ou le poisson visés. Les adeptes doivent détenir des permis spécifiques et ils disposent souvent d’équipement sophistiqué.
Au temps de la colonisation, pour les habitants du coin, la chasse et la pêche sont des moyens complémentaires à la ferme pour réussir à nourrir leur famille. Les cultivateurs préfèrent chasser et pêcher pour mettre de la viande sur la table que de tuer les animaux qu’ils élèvent. La faune abondante contribue à entretenir cet usage très répandu.
De tout temps, la chasse s’est surtout pratiquée à l’automne. Alors, dès que les récoltes sont rentrées, les hommes armés de fusils ou d’arcs, partent vers les territoires réputés riches en gibiers. Ce n’est souvent pas loin de la maison, parfois sur sa propre terre ou dans les environs puisque la région de Saint-Jovite regorge de forêts à proximité. Par groupe de cinq ou six, les chasseurs traquent orignaux et chevreuils. Comme les quotas n’existent pas et que le but est de nourrir les familles, chaque personne a droit à un animal tué ou deux, si la famille est très nombreuse. Un animal supplémentaire est toujours prévu pour le curé qui distribue la viande aux familles pauvres.
En plus de cet apport de viande bienvenu, les peaux des orignaux et des chevreuils sont idéales pour la confection des chaussures et des bottes ou encore pour certains vêtements, vestes, manteaux, gants, ceintures et autres accessoires. Le cuir obtenu de la peau d’orignal étant plus épais et résistant, il sert à la fabrication d’attelage pour les chevaux. Même la moelle des os a son utilité : un médicament en est tiré pour contrer la chute des cheveux! Dans ces temps de survivance, rien ne se perd!
Mais les hommes aiment bien s’asticoter, se comparer et se défier! Et la chasse est une occasion en or de se mesurer… et de mesurer leurs trophées : les « panaches » des bêtes tuées! Selon le nombre de pointes, les concours de « panaches » moussent déception ou fierté mais surtout ils permettent de raconter les exploits et les anecdotes, de rire, de célébrer et de fêter l’événement!
Alose, truite, maskinongé, esturgeon, carpe, barbotte, tous ces poissons foisonnent dans les cours d’eau de Saint-Jovite et des environs et tout comme la chasse, nul besoin de permis
Peu importe la saison, hommes et jeunes garçons lancent leur ligne. La canne à pêche conventionnelle est en bambou, garni d’un fil de nylon et d’un hameçon (souvent un fil de fer recourbé). Le fil à pêche des jeunes s’attache à un simple bout de branche. Mais quel que soit l’équipement, les beaux gros vers du tas de fumier servent pour appâter!
Pour les vendredis maigres (pas de viande), le poisson sert régulièrement de mets principal. La tâche d’aller le pêcher revient régulièrement aux jeunes fils dont certains y prennent un réel plaisir et sont fiers d’exhiber leurs belles truites, alors que d’autres perçoivent cette obligation comme une corvée.
Au printemps, la montée de la carpe à la décharge du lac Maskinongé monopolise quelques hommes qui en capturent un grand nombre avec des poches de jute comme filet. De retour à la maison, la femme les apprête en filet et les met en conserve. En période hivernale où la pêche n’est pas toujours possible, à cause de l’épaisseur de la glace ou du manque d’outil adéquat, ces carpes s’avèrent d’un grand secours. La mère de famille les cuisine poêlées, en pâté ou en croûte pour nourrir sa tablée.